Pour les amoureux de l’art contemporain qui sont à Yaoundé ou de passage, une exposition dénommée #Cheminements se tient jusqu’au 31 juillet prochain à la galerie d’art de Yaoundé . Un travail qui met au jour, le travail acharné de plusieurs artistes de différents types – peinture, vidéo, bande dessinée, installation, performance, body art et sculpture . Nous sommes allé à la rencontre du commissaire de cette exposition Landry Mbassi, il nous invite à découvrir son univers.
Bonjour Landry Mbassi pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs?
Bonjour Carole, et merci de m’accorder cette interview.
J’ai un profil assez complexe; je suis tout d’abord un plasticien (photographie, installation, dessin et sculpture) formé, en partie à l’Université de Yaoundé I et au travers de résidences et de rencontres diverses. Mais, je m’intéresse aussi au design, à l’architecture (d’avantage à l’architecture d’intérieur), à la scénographie (cela va de soi) et au commissariat, particulièrement, depuis 2007.
Vous êtes cité à chaque fois qu’on parle art contemporain et photographie au Cameroun, que dis votre parcours sur le sujet?
Petit, je rêvais en réalité d’être architecte. Après un faux pas à 15 ans, en classe de 3ème, je me suis retrouvé à suivre un cursus littéraire. Donc, seconde littéraire au lieu de technique (F4). Sans jamais cessé de dessiner dans ma tête, des plans de maison, j’y suis allé…
J’ai toujours aimé la lecture et l’écriture. Il m’est aussi arrivé, adolescent, de faire de la bande dessinée. Arrivé en Terminale, j’ai découvert la philosophie et tous les discours sur l’esthétique..la pensée de plusieurs auteurs sur l’Art et le beau. Après l’obtention de mon bac A (langues), j’ai, grâce à mon père, découvert la filière APHA (Arts plastiques et Histoire de l’art à l’Université de Yaoundé I). La formation ici n’était hélas pas assez ouverte (poussée). Je me suis rabattu sur les résidences et les voyages. Plus tard, l’écriture m’a rattrapé. Le développement d’idées, de projets artistiques…ce sont là des domaines qui me parlent. De fil à aiguille, je me suis formé au gré des expériences. Au fil des rencontres et des mélanges. Et voilà!
Depuis le mois de Mai, vous êtes le commissaire de l’expo « Cheminements – art contemporain du Cameroun » qui se tient à la galerie d’art récemment inaugurée à Yaoundé. Parlez-nous de cette aventure.
Un matin, alors que je m’apprête à sortir de chez moi, je reçois un coup de fil de Marylin Douala Bell (présidente de Doual’art) – eh oui, la princesse! – qui me demande si je suis disponible pour monter une exposition sur Yaoundé. La réponse est vite donnée et je suis rappelé plus tard dans l’après-midi par Lore Criado-Engel de l’Institut français – Yaoundé qui me précisera plus tard les contours du projet. La suite est moins glam’ mais, je prends rapidement acte de cette lourde responsabilité qui m’est donnée : commissarier la toute première exposition de la galerie d’art contemporain de Yaoundé. Il faut préciser que le projet est une idée conjointe de la Coopération française et du Ministère des arts et de la culture du Cameroun, dans le cadre du contrat de désendettement et de développement (C2D). L’aventure a donc été vécue avec acharnement et malgré les soubresauts dus aux réalités du contexte et les obstacles, on y est parvenu. Elle se poursuit tranquillement jusqu’au 31 juillet.
Quels sont les artistes qui y exposent?
En peinture, nous avons Boris Nzébo (Douala), Kristine Tsala (Douala), Ajarb Bernard (Douala), Jean David Nkot (Douala), Marc Padeu (Nkongsamba), Wilfried Mbida (Nkongsamba), Rostand Pokam (Douala); en sculpture, Hervé Yamguen (Douala), Jean Michel Dissake (Yaoundé), Joseph Francis Sumegne (Yaoundé), Dieudonné Fokou (Yaoundé; en installation, Bem (Yaoundé); en photographie, Max Mbakop (Douala), Darius Meke (Yaoundé), Steeve Mvondo (Douala), Blaise Djilo (Maroua); en Dessin Bd, nous avons Reine Dibussi (Yaoundé)et Landry Kamdem (Douala), en performance et body art, nous avons Ange Kayifa – Body Art (Yaoundé) et enfin, en vidéo, nous avons Yvon Ngassam (Douala). Ce qui nous amène à un total de 20 artistes.
Quel est votre rôle véritable entant que commissaire de cette exposition?
Mon rôle en tant que commissaire d’exposition est d’en organiser le contenu. De l’idée – ce que nous appelons couramment, le concept – au montage; ce qui intègre l’écriture d’un texte qui servirait de « fil conducteur », la sélection des œuvres (artistes) devant constituer le menu de l’exposition, la formulation des biographies et l’examen des éléments y relatifs et la coordination du catalogue (quand sa confection a été prise en compte dans le projet), la conception d’une scénographie accolée au concept (si besoin). C’est un véritable travail d’orfèvre qui nécessite par conséquent de pouvoir disposer d’une assez large fourchette de compétences.
Y a-t-il des projets après cette exposition? Quels sont ceux sur lesquels vous travaillez?
Oui, nous le souhaitons et l’espérons de tous nos vœux. Quand je dis nous, c’est de toute la communauté artistique du pays que je parle. Car, malgré le plus engageant des enthousiasmes, rien ne peut se faire sans la volonté politique; et à cet effet, nous comptons beaucoup sur l’institution de tutelle qui a bien voulu nous gratifié de cette jolie bâtisse. Il s’agit maintenant de maintenir le cap, de prolonger cette belle initiative. De lui conférer un caractère spatio-temporel à la hauteur du talent et de la force du génie créateur camerounais.
Les projets sur lesquels je travaille ne peuvent malheureusement être dévoilés (vous m’en excuserez) tant que la galerie n’est pas entrée dans un fonctionnement administratif légal. Il est important de signaler à cet effet que la galerie, à l’heure où je vous parle, n’a pas encore de personnel, ni de statut véritable. Nous attendons encore le texte qui en régira le fonctionnement. Donc, impossible de formuler ici les projets qui se profilent dans ce lieu. Mais, toutefois, nous n’attendrons pas que le texte en question soit rendu public, nous avons commencé à travailler sur une programmation qui sera dévoilée au moment opportun.
Quel est votre avis aujourd’hui sur l’art contemporaine tel que exercé par les jeunes artistes?
L’avenir de l’art contemporain tel que pratiqué par les jeunes artistes camerounais, si ‘est de cela que vous parlez, est, je me permettrais de l’affirmer, aguichant. Et il confirme cette thèse du paradoxe camerounais qui veut que notre pays, malgré l’état de friche général, sait produire des génies en tout domaine. Il n’y a qu’à voir ce qui se passe en ce moment du côté de Douala, avec des jeunes artistes comme Ajarb, Boris Nzébo, Rostand Pokam, Samuel Dallé, Kristine Tsalla et j’en passe. Ce sont là des exemples que notre pays regorge de talents et qu’avec juste un peu d’accompagnement, la jeune création pourrait mieux se porter encore.
Comment s’y prendre pour se rendre à la galerie?
La galerie d’art contemporain de Yaoundé (GACY) se trouve dans la zone administrative, face pharmacie du lac. Pour s’y rendre, il suffit d’emprunter un taxi et dire donner cette destination, ou dire, ministère des mines et précisez au taximan que l’on souhaiterait descendre avant, au niveau de la pharmacie du lac. Je crois que tout bon chauffeur de taxi qui mérite sa capacité est en mesure de vous y conduire. Sinon, dans un avenir plus ou moins proche, la galerie jouira (sous réserve que les recommandations émises par la coopération française soient appliquées) d’un site Internet et tous les renseignements sur sa localisation.
Comment rentrer en contact avec vous?
Je réponds 6 99 03 43 79 et mon courriel est mbassilandry@gmail.com