La 4ème édition du festival SUD2017 sur le thème « La Place de l’Humain » prend son envol ce jour dans la ville de Douala. Pendant une semaine, Doual’art aura le plaisir de vous savoir attentif aux activités qui vont meubler cette semaine festive jusqu’au 10 décembre 2017.
Nous avons rencontré pour vous le commissaire de cette édition , Cécile Bourne Farrel. Elle nous parle de son travaille durant le #Sud2017.
Bonjour Cécile, pourriez-vous, vous présentez à nos lecteurs ?
Je suis Cécile Bourne Farrell, curator indépendante basée à Londres depuis 4 ans. J’ai travaillé durant 7 ans au Musée d’art Loderne de la ville Paris, et pendant 6 ans pour le développement de la Méthode des Nouveaux Commanditaires en Espagne pour le Développement des résidences d’artistes et de programmes artistiques au sein du département de recherche sur la guerre et les conflits contemporains de l’université de King’s college à Londres.
Mon travail prend tout son sens de l’étymologie du mot curator, du latin curare qui signifie prendre soin. C’est celui faire se rencontrer des mondes différents, qui souvent ne se connaissent pas.
Racontez-nous comment vous êtes devenue la commissaire du #SUD2017
J’ai rencontré le très regretté Didier Schaub et la Princesse Marilyn Douala Manga Bell, il y a 12 ans lors d’un symposium au Maroc, organisé par l’appartement22 à Rabat pour lequel j’assure la fonction de délégué curatorial. Depuis 2003, j’ai réalisé de nombreux projets en Afrique parmi lesquels l’hommage à Goddy Leye, grand artiste camerounais décédé trop tôt. Avec Marilyn Douala Manga Bell on s’est souvent croisées, et il a semblé logique de mutualiser nos expériences et nos façons de travailler. J’ai suivi de loin les éditions précédentes de 2007/2010/2013, j’ai été invitée par la Princesse pour le SUD2017 il y a deux ans et demi.
En quoi va consister votre travail durant cet évènement?
Ce qui est important à comprendre c’est que les projets du SUD ne tombent pas du ciel. Ils se construisent petit à petit avec et dans l’espace public durant 3 ans. Il s’agissait tout d’abord pour moi, curator, de connaitre et comprendre le contexte, de m’initier à cette ville multi facette, qui est devenue aujourd’hui ma deuxième ville. Ensuite de prendre de la distance nécessaire pour estimer les enjeux d’une thématique aussi ambitieuse qu’est La place de l’Humain que nous avons choisie.
Pour cela, nous avons mis en place un comité scientifique composé d’un juriste, pédagogue, de psychologues, anthropologues et médiateurs, avec lequel nous avons travaillé avec l’équipe de doual’art dans le but de construire et compléter des compétences et connaissances liées à la DUDH. Ces données ont constitué la base de données pour les 16 artistes que nous avons sélectionnés dont 11 du continent africain. Nos premiers complices ont été les établissements scolaires avec qui nous avons réalisé des ateliers avec les équipes pédagogiques accompagnés d’artistes plasticiens. Nous avons avec l’équipe de doual’art choisi 5 quartiers SUD2017 en plus des établissements scolaires (Le Lycée Bilingue de Bépanda, le Collège Saint-Michel, l’école Publique New Bell Aviation et le Lycée Technique de Koumassi). Chacun de ces espaces ont été visités avec les artistes lors de leurs différentes résidences à Douala afin qu’ils s’imprègnent eux aussi des contextes. Sur cette base, ils ont proposé chacun des avant projets qui ont été minutieusement étudiés et analysés un par un, par des séances de travail collectives dans le but de mutualiser les expériences des uns et des autres. Mon travail consiste à créer de façon méthodologique les étapes nécessaires à la mise en place de projets innovants et uniques pour les habitants, pour la ville de Douala.
20, c’est le nombre de fruits produits par ce travail qui dure depuis plus de deux ans dans l’idée d’apporter une plus-value à la ville. Ces 20 œuvres ont pour ambition de créer des repères visuels forts dans la ville comme La Nouvelle Liberté au Rond-Point Deido qui est devenu depuis son inauguration un emblème de Douala. Ce des œuvres uniques, certaines spectaculaires, d’autres plus insérées dans le quotidien des habitants de la ville… d’autres performatives et/ou temporaires.
Le thème cette année met l’accent sur « La Place de l’Humain », comment ça va se traduire concrètement sur le terrain ?
« La Place de l’Humain », nous donne l’occasion de réfléchir à comment repenser la place de la personne humaine inhérente aux Droits fondamentaux. Nous sommes partis du constat que la DUDH– la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme est si rarement évoquée lors d’un cursus scolaire qu’il était approprié de revenir sur cet outil d’émancipation. Face à la perte de repères qui se révèle de plus en plus criarde au travers de violences diverses au quotidien, il semblait nécessaire de repenser la DUDH pour ce qu’elle est, un instrument de régulation des relations entre les hommes.
Cette question conduit de façon conséquente aux questions liées à L’HUMAIN ET L’HISTOIRE– L’Humain a un rapport au passé. Nous sommes humains parce que nous avons une histoire, parce que nous portons une histoire, parce que nous appartenons à une trajectoire histoire.
Comme les éditions précédentes, la relation à L’HUMAIN ET L’URBAIN est déterminante. L’humain a un rapport à l’espace et à l’autre. Le cadre de vie, selon son aménagement, renforce ou non notre humanité. Les aménageurs urbains stimulent(ou non) le vivre ensemble.
Enfin la PAROLE A LA JEUNESSE. L’humain existe aussi par récit et sa prise de parole publique. Cette parole partagée peut aussi l’aider à s’émanciper et à s’évader du réel… L’humain est capable d’utopie et de rêve.
Ce sont les quatre thématiques qui ont été investies par les artistes, chacun selon leurs sensibilités Ce sont des propositions de nature différentes qui oscillent entre la sculpture avec différents matériaux tels que le métal, le bois, les miroirs, en béton et sa forme la plus contemporaine, l’installation. C’est aussi de la peinture sur mur, sur métal, sur bois, sur latex, etc.. et la performance. Toutes ces œuvres sont de tailles variables et sont parfois monumentales.
Trailer #SUD2017 par Cleophée surVimeo
Qui sont les artistes qui vont nous proposer des œuvres sur les différents sites?
Nous avons invité 16 artistes parmi lesquels 11 du continent africain. Il s’agit de Mustapha Akrim (MAR), Iván Argote (COL/FRA), Sylvie Blocher (FRA), Justin Ebanda (CMR), Justine Gaga (CMR), Erik Goengrich (DEU) , Lucas Grandin (FRA), Chourouk Hriech (MAR/FRA) , Jean Jacques Kante (CMR) ,Michèle Magema (COD/FRA), Jean David Nkot (CMR) , Kamiel Verschuren (NDL), Trinity Session (South Africa), Hervé Yamguen (CMR) , Emile Youmbi (CMR) , Hervé Youmbi (CMR).
Ce sont des artistes de différentes générations aux parcours très singuliers qui sont sortis de leur zone de confort, de leurs repères de travail habituels. Ils ont chacun développé une énergie exemplaire pour être en phase avec Douala, ville indomptable et mouvante en permanence.
A Akwa nous allons assister à l’inauguration de l’œuvre Bien que je n’en aie pas le droit, je vous présente mes excusesde Sylvie Blocher, à la performance de Michèle Magema et à la présentation de son projet Le cercle qui sera inauguré en 2018.
A Bonanjo, l’œuvre Oui ma vie d’Ivan Argote, Rewriting the Universal Declaration of Human Right de Kamiel Vershuren et la performance, The gift et la présentation du projet The burden qui sera inauguré en 2018 de Justine Gaga.
A St Michel l’œuvre Station de mémoire de Justin Ebanda.
A New Bell seront inaugurées 6 œuvres à savoir Living together de l’artiste Emile Youmbi, DUDH de Hervé Youmbi, Empreinter les voix et Contes de Douala : Quoi l’Humain ? de Chourouk Hriech, Les chaises de la Dignité de Hervé Yamguen, Dream Pressure tester de The Trinity Session.
Respectivement au Lycée Technique de Koumassi et à l’avenue Um Nyobe, Article no 1 de Mustapha Akrim et Les dits et les non-dits de Jean David Nkot.
Au Lycée Bilingue de Bépanda Bépanda, Regarde-Toi de Lucas Grandin, Arena of Humanity and the Right of Businessd’Erik Goengrich, Partage de différence de Jean Jacques kanté, Les équipes des Nations Unies de Kamiel Vershuren et Lucas Grandin.
A Ndogpassi III, Empreinter les voix de Chourouk Hriech et DUDH d’Hervé Youmbi.
Que prévoit le programme du #SUD2017
Le programme du SUD2017 prévoie l’inauguration de toutes les œuvres citées plus haut. Les inaugurations se passeront dans une ambiance en général festive pensée selon chaque projet. Parfois des performances comme c’est le cas pour le projet Station de la mémoire qui sera inaugurée par une performance de Christian Etongo, performeur camerounais accompagné par les élèves du Collège St Michel. C’est aussi des déambulations dans les quartiers à la découverte des différents projets. Des moments magiques comme le projet Living Together d’Emile Youmbi : des ballons empreints d’articles de DUDH sont offerts à des passants puis relachés.
Le programme prévoie aussi des rencontres Ars and Urbis le 8 et le 9 à l’Institut Français de Douala……..
SUD2017_Programme_fr_A4
À qui s’adresse le #SUD2017?
Le SUD s’adresse à tous les résidents de Douala, locaux et expatriés, aux jeunes scolarisés ou non, aux administrateurs camerounais, au secteur économique, aux pédagogues, au monde de l’art local et international (journalistes et critiques d’art, historiens de l’art, curateurs, artistes, galeristes et collectionneurs .., aux penseurs (philosophes, historiens, écrivains, psychologues, anthropologues.
Plus d’informations à télécharger sur www.salonurbaindedouala.org